J’ai rencontré Peter Bilello, le président de CIMdata. L’occasion de faire avec lui un tour d’horizon du marché du PLM et de ses tendances d’évolution, tant du coté des technologies que de la mise en œuvre par les industriels.
CIMdata est depuis 1983 ‘‘le’’ cabinet américain spécialisé dans les études de marchés, la formation aux meilleures pratiques d’utilisation et le conseil autour du PLM. Il publie tous les ans de multiples études, tant sur le PLM dans son ensemble que sur ses multiples composantes, ainsi que des études sectorielles ou régionales. Elles s’intéressent aussi aux pratiques des industriels pour la mise en œuvre et le déploiement de ces technologies. L’ensemble de ces recherches alimentent plusieurs manifestations annuelles dont les PLM Road Map, qui font le point sur l’état de l’art et sur les perspectives d’évolution du marché, en donnant notamment la parole à des industriels qui partagent ainsi leur retour d’expérience.
J’ai profité de la tenue à Paris de la session d’automne de ces PLM Road Map, pour rencontrer Peter Bilello, le président de CIMdata depuis 2010, afin de partager sa vision du PLM et de son évolution à venir.
De fait, ce que vous livrez à votre client, qu’il s’agisse d’un produit ou d’un service, c’est le résultat des informations que vous avez utilisées pour le décrire. Plus ces informations seront précises, meilleures seront la qualité et les performances de votre produit. C’est pourquoi les hommes qui créé l’information restent l’élément clé de l’entreprise.
Un marché en forte croissance, mais qui doit se réinventer
Le PLM en 2018
Marché global : 47,8 B$ (+9,4 % vs +7 % prévus), incluant logiciels, maintenance et services d’implémentation, mais pas le matériel.
Le marché global du PLM en 2018 a continué à croitre de manière plus forte que prévue, +9,4 %, atteignant 47,8 B$. (Voir notre encadré)
Parallèlement, les fusions et acquisitions se poursuivent à un rythme soutenu.
Ainsi, pour Peter Bilello, le développement de produits par les seuls experts a vécu. Aujourd’hui, il faut tenir compte des réseaux sociaux, de la connectivité, de la plus grande maturité des utilisateurs vis-à-vis du numérique, de la volonté grandissante de collaboration, de la montée en puissance du mouvement des ‘‘makers’’, de la complexification des produits et des process, ainsi que de la compétition toujours plus féroce entre les entreprises.
Répartition du marché du PLM par types d’application. Doc : CIMdata
Pour cela, les technologies sont en perpétuelle évolution. On a vu arriver : le Generative Design, qui esquisse des solutions en fonction des contraintes émises ; la Fabrication Additive, qui bouleverse la façon de concevoir des pièces ; des Matériaux Avancés tels les composites ou les mousses métalliques, qui changent la vision de la structure d’une pièce. « Des technologies qui, séparément ou combinées, vont permettre des innovations de rupture dans les années à venir, d’autant plus facilement que les technologies numériques (Intelligence Artificielle, Machine Learning, Big Data, Simulation, HPC, Réalité virtuelle…) pourront les y aider. »
Un produit, mais plusieurs jumeaux numériques
Ainsi, la complexité croissante des produits dans la plupart des industries, a créé un besoin de convergence entre la gestion en configuration, le PLM et l’ingénierie système pour réellement comprendre le comportement d’un produit et gérer la complexité de qui le défini et sur quelles bases. Ce sont les fondements du jumeau numérique.
Il est intéressant de noter que le jumeau numérique existe bien souvent avant son double physique et que la notion de communication entre les deux n’implique pas forcément le temps réel ou une liaison électronique.
La ‘‘digitalisation’’ des produits prochaine étape du PLM
Peter Bilello, Président de CIMdata, lors du PLM Road Map qui s’est tenu à Paris mi-novembre. Doc : JFP
Cette ‘‘digitalisation’’ des produits est la prochaine étape à laquelle le PLM va devoir s’attaquer. « Pour cela, il va falloir exploiter au mieux les technologies actuelles et à venir, mais aussi accepter des changements organisationnels, culturels et technologiques. »
Et cela va être long et compliqué car les analyses de CIMdata montrent que nombre d’entreprises ont plusieurs outils de PLM et qu’elles sont encore principalement focalisées sur les aspects gestion de données techniques (GDT). Heureusement, la majorité des entreprises est persuadée que le PLM est un bon investissement pour améliorer leurs process et produits en allant plus vite, avec une meilleure qualité et pour moins cher.
« On avait l’habitude de dire innovez ou mourez. Maintenant il va aussi falloir dire transformez-vous ou mourez ! », conclu Peter Bilello.
La révolution du PLM viendra donc plus de l’évolution des usages qu’en feront les utilisateurs que de nouvelles technologies !
Ingénieur de formation (ENIM) et journaliste professionnel depuis 1981, Jean-François a participé à de nombreux journaux et lettres d’information (Bureau d’Etudes, CFAO Synthèse, SIT, Industrie & Technologies, Usine Nouvelle…) comme journaliste, rédacteur en chef adjoint ou rédacteur en chef.
En retraite depuis février 2017, Jean-François veut que celle-ci soit active. C’est pour cette raison qu’il reste informé de ce qui bouge dans le PLM dans son sens le plus large (CFAO, Simulation Numérique, Impression 3D, Usine du futur, Réalité virtuelle et augmentée…).